Présentation croisée de la plateforme BioImaging Center Lille (BICeL) – Université de Lille par Meryem TARDIVEL et Nathalie JOUY
Meryem Tardivel et Nathalie Jouy sont responsables de la plateforme d’imagerie cellulaire et tissulaire BioImaging Center Lille (BICeL) de l’Université de Lille qui participe à l’activité de recherche en biologie et santé, et joue un rôle déterminant dans la caractérisation précise de structures cellulaires au sein de modèles pathologiques, ouvrant ainsi la voie à des approches thérapeutiques plus ciblées.
Dans le cadre du Pôle Universitaire d’Innovation (PUI) dont Eurasanté est un des membres fondateurs, deux visites de la plateforme ont été organisées en février 2024 à destination d’industriels régionaux (StarkAge Therapeutics, Lesaffre, 4P Pharma). Ces rencontres croisées ont ainsi été l’occasion de faire se rencontrer les attentes industrielles et les offres de service de ces plateformes (en histologie, microscopie et cytométrie notamment).
Découvrez les projets et les collaborations qui prennent place au cœur de cette plateforme scientifique !
Pouvez-vous présenter la plateforme BICEL en quelques mots ?
Meryem : Le Bioimaging center de Lille est une plateforme spécialisée et dédiée à la recherche en imagerie cellulaire et tissulaire. Le BICeL regroupe 3 plateaux technologiques en microscopie photonique, microscopie électronique et cytométrie en flux. Ces plateaux sont présents sur 3 sites de recherche de la métropole de Lille : Campus Santé, Campus Pasteur Lille et Cité scientifique de Villeneuve d’Ascq. Nous accueillons ainsi plus de 400 utilisateurs (académiques et industriels). Depuis 2010, je suis responsable du plateau de microscopie photonique et d’histologie du Campus santé de Lille. Il représente une ressource essentielle pour la communauté scientifique et hospitalière tant en termes d’imagerie cellulaire et tissulaire que de traitement d’images.
Nathalie : Depuis 1999, je suis responsable du plateau de cytométrie du Campus Santé. La cytométrie en flux est une technique de caractérisation de cellules ou particules provenant d’origines très différentes : humaines, mammifères, insectes ou poisson, et flore. Les technologies de cytométrie et de microscopie sont très complémentaires : la microscopie permet de visualiser et d’étudier la structure entière d’un petit organe jusqu’à l’intérieur d’une cellule sur des échantillons fixés ou non.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste exactement votre travail d’ingénieures en plateforme scientifique ?
Meryem : En qualité de responsable d’une plateforme d’imagerie cellulaire et tissulaire, mon rôle s’articule autour de la coordination des activités et le soutien scientifique et technique aux chercheurs. Mes responsabilités englobent une part significative de supervision et d’expertise scientifique en imagerie cellulaire. En tant que référent zéro carbone pour mon unité, j’ai pris part activement au développement durable.
Nathalie : En tant que responsable de plateau, mes missions sont multiples : ma priorité est de maintenir les performances des équipements à un haut niveau de technologie et de dispenser les formations à leur utilisation. Je coordonne également la gestion des moyens humains et financiers alloués au plateau. Mon rôle est surtout de conseiller nos utilisateurs sur le choix de leurs expériences en cytométrie et de les aider à interpréter leurs données pour améliorer les protocoles expérimentaux.
Comment le BICeL participe-t-il à l’activité de recherche en biologie et en santé ?
Meryem : Notre mission englobe la quête d’une compréhension approfondie des processus biologiques, le développement de nouvelles méthodologies en histologie, imagerie cellulaire et analyses d’images, ainsi que la contribution à des avancées significatives dans la recherche médicale, qu’elle soit fondamentale ou appliquée.
Nathalie : Différentes approches de cytométrie sont accessibles au sein du BICeL, qu’elles soient conventionnelles, spectrales ou acoustiques. Les champs d’application de la cytométrie en flux et du tri cellulaire sont très larges et touchent actuellement autant les études en pathologie humaine et animale et que des suivis d’impact de produits chimiques dans l’environnement, la faune ou la flore.
La visite de la plateforme BICeL des PLBS a été très riche pour moi. Les discussions avec les ingénieurs et techniciens des différentes composantes de la plateforme ont été très utiles pour affiner ma compréhension des possibilités offertes par la plateforme pour StartAgeTX.
Delphine Daydé, Senior Scientist, StarkAge Therapeutics
Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de découverte ou d'application importante résultant de l’activité du BICeL ?
Meryem : La plateforme a joué un rôle déterminant dans la caractérisation précise de structures cellulaires au sein de modèles pathologiques, ouvrant ainsi la voie à des approches thérapeutiques plus ciblées. Ces contributions s’étendent à divers domaines. Ces résultats représentent des avancées significatives qui ont des implications importantes pour la compréhension et le traitement de diverses pathologies.
En 2020, la plateforme a été un collaborateur essentiel lors de la crise de la COVID, en participant à la compréhension de la maladie.
Nathalie : Même si le plateau de cytométrie n’a pas de sujet de recherche en propre, nous participons activement à ceux de nos utilisateurs. En plus des conseils que nous leur apportons, des équipements que nous mettons à disposition, nous effectuons des mises au point ou adaptation des protocoles d’analyses pour leurs modèles d’études : ces adaptations portent autant sur l’adaptation du matériel, du choix de la meilleure technologie pour leurs analyses que sur la possibilité de tester et adapter des marqueurs phénotypiques et fonctionnels afin de mieux cibler leurs besoins.
Quels sont vos projets ou vos objectifs futurs au sein du BICeL ?
Meryem : Je prévois de mettre en place des stratégies de multiplexage afin d’accroître le nombre de marquages par échantillon, notamment lors du traitement de cohortes de patients. L’intégration de BICeL dans l’unité PLBS m’a permis de collaborer avec des collègues de diverses technologies. Ensemble, nous avons lancé une réflexion autour de l’interdisciplinarité visant à établir un continuum notamment en proposant une stratégie multiomique pour renforcer notre impact dans la résolution des problématiques scientifiques des chercheurs. Mon objectif est de demeurer à la pointe de l’innovation et de répondre de manière proactive aux besoins évolutifs de la communauté scientifique.
Nathalie : En lien étroit avec mon homologue de l’Institut Pasteur de Lille, nous proposons les équipements les mieux adaptés aux besoins de nos utilisateurs, grâce à une réflexion conduite en amont et avec eux. Nous avons acquis récemment 2 trieurs spectraux dans le cadre du CPER 2021-2027 Resist-Omics. Je vais ainsi avoir l’opportunité de développer de nouveaux protocoles allant jusqu’à 40 marqueurs biologiques, ce qui permettra de répondre à des projets ambitieux de recherche en cancérologie et neuroscience.
Un mot de fin ?
Meryem : Dans mon activité, je cumule les rôles d’ingénieure, scientifique, spécialiste, formatrice, médiatrice, technicienne, parfois psychologue et même bricoleuse. C’est cette polyvalence qui rend mon travail passionnant. Je suis privilégiée de collaborer avec une équipe exceptionnelle sur laquelle je peux compter et en laquelle j’ai confiance. Nous sommes ouverts aux collaborations futures pour faire progresser ensemble la science et la santé.
Nathalie : Ingénieure de recherche en plateforme technologique est un poste très enrichissant tant d’un point de vue scientifique que par des rencontres humaines car c’est une véritable opportunité de travailler sur des domaines de recherche très diverses. Partager les connaissances aussi bien avec nos utilisateurs qu’avec le grand public est un très grand plaisir.
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Sabeena KALLA
Directrice Scientifique et de l’Evaluation