Stratégies de sortie en entreprise : comment assurer croissance et pérennité ?
Dans l’écosystème entrepreneurial, la formulation d’une stratégie de sortie adaptée est essentielle pour les entrepreneurs cherchant à capitaliser sur leurs efforts et innovations. Que ce soit à travers une introduction en bourse (IPO), un rachat par une entreprise plus grande ou une fusion-acquisition (M&A), ces options représentent non seulement des jalons de réussite, mais aussi des décisions complexes influencées par le paysage économique actuel, les exigences de financement spécifiques et la culture de chaque entreprise.
Pour les dirigeants de jeunes entreprises, choisir le bon moment et la bonne méthode pour sortir peut maximiser les retours sur investissement tout en assurant une transition en douceur pour l’entreprise et ses employés. Cet article va donc détailler les différentes stratégies de sortie envisageables, en soulignant les éléments clés à prendre en considération.
Découvrez dans cet article les nuances de chaque option et comment elles s’alignent avec les objectifs à long terme des entreprises dans le secteur des PME et des startups.
Dès les premiers stades de financement, la notion de stratégie de sortie émerge, que ce soit par les fondateurs eux-mêmes ou les investisseurs. Il est crucial d’entamer cette réflexion dès le début de la création de l’entreprise pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, cela permet de rationaliser la prise de décision et d’éviter d’agir sous l’impulsion des émotions. Cette réflexion permettra aux fondateurs de décider avant tout avec quels financeurs ils souhaitent collaborer, prévoyant de ce fait les politiques pré-établies des VCs et autres fonds d’investissement en matière d’exit.
Aussi, en planifiant à l’avance, les parties prenantes peuvent définir leurs objectifs (plan de développement) et aligner leurs attentes (retour sur investissement), réduisant ainsi les risques de conflits futurs. L’alignement des objectifs entre fondateurs et investisseurs est essentiel dès le début de leur partenariat. Les négociations de clauses de sortie doivent être menées tôt pour éviter les désaccords potentiels plus tard. Cela nécessite une communication ouverte et transparente entre toutes les parties impliquées.
L'introduction en bourse (IPO) : une option prestigieuse mais exigeant
Si l’introduction en bourse (Initial Public Offering) est souvent considérée comme la stratégie de sortie rêvée en raison de son prestige et de son potentiel de financement important, elle ne demeure qu’une possibilité de sortie parmi d’autres. L’IPO a plusieurs vertus, la première étant de permettre à une entreprise de faire rapidement appel aux investisseurs pour lever de l’argent. Elle intervient souvent lorsque les besoins en financement d’une entreprise sont devenus tellement importants qu’ils ne peuvent plus être assumé par des investisseurs historiques. La cotation en bourse d’une société permet également aux fondateurs et investisseurs historiques de choisir leur sortie qu’elle soit totale ou partielle de l’entreprise. Ils doivent néanmoins attendre plusieurs mois « lock down » avant de pouvoir vendre leurs actions. L’entrée de nouveaux investisseurs lors de ce process permet aussi de diluer l’impact des VCs dans la stratégie rendant les décisions du management plus libres. Enfin, L’IPO peut faire partie d’une stratégie visant à augmenter la visibilité de son entreprise en allant se faire connaitre auprès d’autres capitaux. Malgré tous ces avantages, il faut garder à l’esprit que l’introduction en bourse est un processus complexe et coûteux, nécessitant une conformité réglementaire stricte et une gestion transparente. Le cout associé à une cotation en bourse notamment au NASDAQ peut vite atteindre plusieurs millions d’euros par an pour une entreprise. Le choix d’une IPO peut également etre à double tranchant notamment lors de discussion de rachat. En effet, il s’avère que la valorisation d’une action est parfois très décorrélé de la réalité économique. L’entreprise perd ainsi en partie le contrôle de sa valorisation en étant soumise aux fluctuations du marché.
Fusion & Acquisition (M&A) : l'accommodation à une nouvelle culture d'entreprise
Lors d’un rachat, l’objectif principal est de trouver le bon partenaire qui puisse permettre à l’entreprise de continuer à se développer. Il est donc capital que la culture d’entreprise entre l’entité vendeuse et celle acheteuse soit compatible. Cette question devient critique lorsque deux sociétés de taille plus ou moins identique décident de fusionner, elle se pose moins lors d’une absorption par un conglomérat qui décide de laisser en place la culture de l’entreprise existante. Pendant les discussions de rachat, l’équipe doit se questionner sur les relations humaines qu’elle va entretenir avec les personnes en face d’elle. Y’a-t-il une envie réciproque de travailler ensemble ? Si un lien s’établit entre les deux parties, il n’est pas forcément gage de succès. En effet, les process internes étant parfois très différents d’une entreprise à l’autre, elles sont souvent la source de questionnement et de tensions. Il n’est pas rare de voir la société acheteuse transformer ces process et modifier sa culture pour pouvoir accueillir sa nouvelle structure. A l’inverse, des structures plus conséquentes n’offriront pas forcément cette flexibilité et imposeront systématiquement leurs méthodes et visions, il faut ainsi se demander à quelle point cette culture d’entreprise est importante à nos yeux.
Tendances du marché et évolutions futures : quelle stratégie privilégier en ce moment ?
Afin de mieux comprendre les tendances de marché autour des biotechs, il faut s’intéresser à trois indicateurs :
- Le nombre d’opérations de M&A,
- Le niveau d’innovation du secteur
- Les niveaux de liquidités de ces acteurs
En effet, après deux années très difficiles au point de vue économique expliqué en partie par le désintérêt des investisseurs à financer ce type d’entreprise après la période COVID, l’horizon semble s’éclaircir pour les biotechs en 2024. Si le besoin d’innovation médicale a toujours été croissant (augmentation de l’espérance de vie, augmentation des cancers et des maladies chroniques), c’est l’explosion du volume de M&A qui a redonné de l’optimisme à tout un secteur. Ces opérations faites majoritairement par des big pharmas ont atteint des niveaux records l’année dernière, impactant par ruissellement le financement des projets de santé plus early stage. Si ces opérations de fusion/acquisition portent actuellement le marché, on note également le redémarrage des opérations d’introduction en bourse (IPO) sur le marché américain. A ce jour, il est encore trop tôt pour juger d’une reprise pérenne des IPO notamment en Europe.
Enfin, il convient de rappeler que les big pharmas poussées par des logiques d’expiration de brevets sont constamment obligés de réinvestir pour renouveler leurs pipelines. A ce titre, les 20 plus grosses big pharmas disposaient début 2022 d’une capacité d’investissement estimé à 2 trillions de dollars pour financer des projets plutôt late stage.
La stratégie de sortie est une étape essentielle dans le cycle de vie d’une entreprise. En planifiant soigneusement et en choisissant la bonne approche, les dirigeants peuvent maximiser la valeur de leur investissement tout en assurant la croissance et la pérennité de leur entreprise. En fin de compte, la clé du succès réside dans une compréhension approfondie des besoins de l’entreprise et du paysage financier et commercial dans lequel elle opère.
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Directrice Adjointe Entrepreneuriat Santé