Portrait : Rencontrez Isabelle CABY, de l’Université d’Artois
Isabelle Caby est diplômée en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) avec une appétence pour le sport-santé. Elle a contribué à créer la filière Activité Physique Adaptée Santé à l’Université d’Artois et a une vaste expérience dans le domaine du handicap en tant que bénévole. Actuellement en charge de la vie étudiante à l’Université d’Artois, elle continue de s’impliquer dans la recherche au sein du laboratoire SHERPAS – URePSSS. Son parcours est marqué par un engagement constant envers l’activité physique adaptée, la santé, et les publics vulnérables, ainsi que par une contribution associative et sportive significative.
Quel est votre parcours ?
J’ai toujours eu une affinité particulière pour les activités sportives, et cela m’a naturellement conduit à entreprendre des études en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) à l’Université de Lille, plus précisément à la faculté des Sciences du Sport et de l’Education Physique (FSSEP) de Lille. J’ai suivi le cursus STAPS avec des options axées sur l’enseignement, l’éducation, la motricité et les activités physiques adaptées à la santé.
Pendant mon parcours académique, j’ai découvert le monde du handicap, en grande partie grâce à ma propre expérience de rééducation. J’ai également validé un cursus en activité physique adaptée, qui est aujourd’hui appelé activité physique adaptée santé. J’ai progressé jusqu’à la maîtrise dans ce domaine.
Titulaire du CAPEPS et de l’Agrégation externes j’ai été recrutée à l’Université d’Artois, la Faculté des Sports et de l’EP de Liévin, pour créer et développer la filière Activité Physique Adaptée Santé. Mon parcours universitaire s’est poursuivi avec l’obtention d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en biologie et biochimie de l’efficience motrice, à l’université de Lille, en 2002. Par la suite, j’ai soutenu ma thèse en 2010, portant sur la cinétique de déconditionnement et de reconditionnement du rachis pour des sujets lombalgies chroniques.
Après l’achèvement de ma thèse, j’ai été recrutée sur un poste de maître de conférences STAPS profil Activité Physique Adaptée – Santé (APAS), en 2014, à l’Université d’Artois.
Tout au long de ce parcours, j’ai toujours eu à cœur de développer la filière APAS, et je suis fière de voir son évolution, passant d’une poignée d’étudiants à 150 à 200 aujourd’hui Licence et Master STAPS APAS.
En plus de mes responsabilités académiques, j’ai continué à m’investir dans le domaine du handicap en tant que bénévole, notamment au sein de la ligue de sport adapté, de la fédération française de sport adapté et du comité paralympique et sportif français (CPSF).
A l’issue de ma direction de la faculté des sports et de L’EP de Liévin, j’ai aujourd’hui la charge de la vie étudiante à l’Université d’Artois, et j’essaye d’équilibrer mon travail académique avec des activités de recherche au sein du laboratoire SHERPAS – URePSSS, un laboratoire STAPS (Sciences et techniques des Activités Physiques et Sportives), pluridisciplinaire. Mon parcours a été marqué par un engagement constant envers l’activité physique adaptée et la santé, les publics vulnérables ainsi qu’une contribution associative et sportive significative.
Pouvez-vous nous parler de vos projets d’étude ?
Je travaille au sein du laboratoire de recherche SHERPAS. Ce laboratoire, dirigé par Monsieur Williams Nuytens, constitue une équipe de l’Unité de recherche Pluridisciplinaire Sport Santé Société, dont je fais partie.
À travers mes projets de recherche, j’explore des situations et des contextes de vulnérabilité, ainsi que les rôles et les figures vulnérables qui en découlent. Mon objectif est de comprendre la place des activités physiques et sportives dans la construction ou la fragilisation du lien social, tout en examinant les mécanismes qui contribuent à la protection et à la reconnaissance des individus.
Plus spécifiquement, mes recherches se sont concentrées sur divers publics. J’ai réalisé ma thèse sur les sujets atteints de troubles musculo-squelettiques, plus spécifiquement sur les lombalgies chroniques. Par la suite, j’ai consacré du temps à étudier la santé des étudiants, en examinant les facteurs de risque, comme l’alcoolisation massive.
J’ai également orienté ma recherche vers les publics en situation de handicap mental et psychique, en me penchant sur les aspects de vulnérabilité liés à l’institutionnalisation et à l’éloignement de la pratique sportive.
De manière plus générale, je m’intéresse activement au domaine du sport-santé pour des publics vulnérables.
Par ailleurs, je co-dirige actuellement la thèse d’un étudiant qui travaille au sein de l’Office des Sports d’Arras et effectue sa recherche doctorale sur le bien vieillir ainsi qu’une thèse CIFRE sur la prise en charge/prise en soins de sujets lombalgiques chroniques. Mon champ de recherche est diversifié, mais il est toujours centré sur l’exploration des liens entre l’activité physique, la santé et la société.
La recherche sur le sport-santé en Hauts-de-France est-elle essentielle pour répondre aux enjeux régionaux ?
Pour moi, la question de la recherche en sport-santé est un sujet fondamental, car elle reflète une préoccupation mondiale. Préserver une population en bonne santé et reconnaître le rôle crucial de l'activité physique pour maintenir cet état de santé est d'une importance capitale.
Il est indéniable qu’il y a eu une multiplication des travaux de recherche dans les publications scientifiques les plus prestigieuses, ce qui témoigne de l’abondance de la production scientifique dans ce domaine. Aujourd’hui, il est impossible de traiter de la santé sans intégrer la dimension de l’activité physique, car elle fait partie intégrante des moyens permettant de préserver la santé de la population.
J’ajouterais que la recherche en sport-santé/ Activité Physique Santé revêt une importance particulière en Hauts-de-France, une région qui fait face à des défis de santé notables. Néanmoins, je suis convaincue que notre région est dynamique, et je constate une volonté forte de mettre en avant le sport-santé en tant qu’axe majeur. Cela montre que, malgré nos défis, nous sommes résolus à promouvoir la santé et le bien-être de notre population grâce à la recherche en sport-santé.
Vous êtes également engagée au sein plusieurs associations : pouvez-vous nous décrire vos actions ?
Je suis effectivement impliquée au sein de deux organisations qui me tiennent particulièrement à cœur, l’association étudiante « Activité Physique Adaptée Santé Handicap » (APASH) et la Ligue de Sport Adapté des Hauts de France (LSAHF). Ces deux engagements sont au cœur de ma vie professionnelle et personnelle.
Commençons par APASH, une association étudiante que j’ai contribué à créer. Elle est née de l’initiative des étudiants de la faculté du sport de Liévin. L’objectif principal de cette association est de proposer des événements liés au parasport sport adapté et handisport. Nous avons été force de proposition pour participer à des événements régionaux de sport adapté et handisport, ainsi que pour soutenir des rencontres handisports à l’échelle nationale, tels que les jeux nationaux de l’avenir. Même si je ne suis plus directement impliquée, l’association continue à fonctionner et à s’investir dans divers projets, et les étudiants qui la dirigent reçoivent un soutien constant.
En ce qui concerne la Ligue de Sport Adapté des Hauts-de-France (LSAHF), j’ai rejoint cette organisation en 2006 et j’en suis à mon troisième mandat en tant que membre dirigeant aux cotés de Francis Faelens le Président de la LSAHF. Actuellement, j’occupe la fonction de vice-présidente en charge du sport-santé. Il est important de noter que le sport-santé n’a pas toujours fait partie de nos préoccupations, mais au fil du temps, nous avons vu son importance grandir. Aujourd’hui, la Ligue se consacre activement au développement de cette dimension, ce qui comprend des initiatives de recherche-action. Nous travaillons également sur le développement de notre pôle d’interventions, de recherche et d’innovation, par exemple un « Sport Adapt’ Truck », un camion-podium qui vise à promouvoir l’activité physique pour les personnes en situation de handicap mental. Cela répond à la problématique des « déserts sportifs » en proposant une offre itinérante visant à promouvoir la pratique sportive et le sport adapté. Cette démarche s’inscrit dans notre volonté d’aller vers les personnes éloignées de la pratique sportive.
Pouvez-vous nous décrire le partenariat entre l’Université d’Artois et Vivalley et expliquer en quelques mots la plus-value de ce partenariat dans le cadre de vos recherches ?
Nos liens avec Vivalley existent depuis 2017 grâce à la présence de Nicolas Blondel, chargé de mission Vivalley, au sein de l’Université d’Artois.
À ce stade, nous sommes encore en train d’identifier les thématiques qui seront au cœur de notre collaboration. Nous devrons également définir les axes de recherche qui guideront nos activités futures.
Je peux imaginer que, compte tenu de notre engagement dans le domaine du sport-santé et de nos recherches sur l’Activité Physique pour les publics vulnérables, certaines des thématiques de recherche seront liées à ces domaines. Nous envisageons des activités de recherche et d’innovation, ainsi que le déploiement d’activités de formation à et par la recherche.
De plus, la formation pourrait également jouer un rôle clé, avec des programmes spécifiques adaptés aux besoins du partenariat. Dans l’ensemble, Vivalley sera un centre de ressources important dans le cadre de notre collaboration, avec un fort potentiel pour contribuer à la recherche, à l’innovation et à la formation dans le domaine du sport-santé et au-delà.
Un mot de fin ?
Je suis extrêmement ravie de voir l’émergence de Vivalley. C’est une grande opportunité de travailler en collaboration avec Eurasanté et de continuer à mener des recherches visant à améliorer les conditions de vie et l’état de santé de publics vulnérables sur notre territoire.
Ce partenariat offre la possibilité de mettre en place des recherches collaboratives, pluridisciplinaires, qui seront véritablement utiles et au service de la population.