Temeoo : un projet sociétal !
Dinu Stanescu, CEO de Temeoo, nous présente son parcours entrepreneurial et sa start-up Temeoo, récemment présélectionnée dans le cadre de l’appel à projets Silver Surfer dédié au bien vieillir. La solution a pour ambition d’optimiser l’accès aux soins ophtalmologiques sur tout le territoire, améliorant la prévention, réduisant ainsi les inégalités mais également l’impact carbone.
Dinu Stanescu a fait ses études de médecine à Bruxelles, à l’Université catholique de Louvain avec une spécialisation en Ophtalmologie à l’Université Libre de Bruxelles. Après sa thèse, il a notamment travaillé comme rétinologue au Western Eye Hospital de Londres, à AZ Maastricht…et maintenant en tant que Praticien Hospitalier, Responsable Recherche Clinique, au CHU Pitié-Salpêtrière, Paris et est fondateur du cabinet Nord Explorations Ophtalmologiques à la Madeleine.
Quel a été le déclic de la création de votre entreprise ? A quels besoins répond-elle ?
Le constat est simple : il faut trois à six mois pour obtenir un rendez-vous en ophtalmologie : c’est trop long. Notre solution Temeoo permet de diminuer les temps d’attente en ophtalmologie et d’améliorer la prévention cardiovasculaire.
Comment ? En déléguant la prise des rendez-vous aux orthoptistes. L’orthoptiste se connecte en ligne à Temeoo, il reçoit son patient, réalise la tension oculaire, la réfraction, la photographie du fond d’œil et va proposer son ordonnance. Dans un deuxième temps l’ophtalmologiste, se connecte. Dans la majorité des cas il va valider cette ordonnance, et dans 5% des cas, il va convoquer le patient chez qui il y a une anomalie oculaire. C’est une solution clé en main, facile, efficace et surtout rapide. Toutes les informations du dossier du patient figurent sur une seule page, en un seul clic.
C’est donc un vrai point fort pour lutter contre la désertification médicale.
Il y aussi une autre application : 3 millions de photographies de fond d’œil sont réalisées, 50 millions rien qu’en Europe. Or, la photo du fonds d’œil permet de détecter le risque d’incident cardiaque (infarctus du myocarde), notamment grâce à la forme/taille des veines de l’œil. Notre section R&D développe un logiciel qui fait de la prévention cardiovasculaire basée sur les photographies du fond d’œil. A l’aide d’intelligence artificielle et de machine learning, le logiciel calcule le rapport du diamètre des artères et des veines, et prédit ce que l’on appelle le « cardiovasculaire wellness score ».
Le but sera de prédire dans la population qui va développer un incident cardiovasculaire, en se basant sur la photographie du fond d’œil.
Dans ce cadre, en quoi consiste l’accompagnement du Bio-Incubateur et Bio-Accélérateur Eurasanté ?
Au départ, il a fallu découvrir tous les challenges, les défis, les pièges de la création d’entreprise. Nous avons d’abord été accompagnés par une coach, puis nous sommes entrés en incubation à Eurasanté.
Depuis début janvier, c’est Olivier Coupier qui nous conseille dans l’avancement de nos projets. C’est un réel privilège de l’avoir à nos côtés, il a une vision à 360 degrés et l’expérience.
Nous bénéficions ainsi d’un accompagnement aussi bien sur les aspects juridiques : parts association, répartition, BSCPE… ; financiers : structure, imposition, avantages, … que sur les questions de trésorerie : fonds de roulement, fonds propres, aides subvention, prix, …
Au niveau financier, nous avons beaucoup été aidés par Eurasanté. Nous avons pu nous inscrire à de nombreux concours et en avons remporté quelques-uns, notamment l’AAP Innovation et Prévention en 2021, qui ont tous été des bouffées d’oxygène (MEL/ Santélys/ Norbert Segard…). La BPI nous a aussi aidé puisque nous avons pu obtenir 50K€ d’aide et nous demandons encore 300K€ de prêt d’aide à la faisabilité.
Enfin, Eurasanté nous accompagne aussi au niveau RH. Recruter les bonnes personnes, c’est essentiel, et c’est la partie la plus difficile du métier.
Qu’est-ce que cette aventure entrepreneuriale vous apporte ? Quelles ont été les principales difficultés / réussites de votre projet ?
Heureusement, pour faire ce projet je ne suis pas seul : il y a toute une équipe qui est composée de Jean Christophe Baudouin, qui est le co-fondateur. Il est développeur et a créé le logiciel. On est secondé par Fabien CORDET qui vient de Polytech’Lille, il s’occupe de la partie développement marketing / ventes. Quant à moi en tant que CEO, je m’occupe de la partie R&D, de développer les cliniques, les hôpitaux privés, … Ma femme, orthoptiste, a aussi intégré l’aventure !
En tant qu’entrepreneur, j’ai appris qu’il faut savoir être multi-tâches, ne pas compter ses heures, ne pas baisser les bras. Parfois des mauvaises nouvelles peuvent en être de bonnes quand on prend du recul.
Les difficultés : c’est de vouloir aller plus vite, alors que l’on ne peut pas toujours. C’est parfois la lourdeur administrative, surtout dans les projets santé dont on connait l’urgence. C’est aussi de trouver des personnes de valeur – avec nos valeurs – celles de TEMEOO (intégrité, respect, honnêteté, efficacité).
Les réussites : c’est ce que l’on a réussi à faire en même pas 9 mois ! Nous avons recruté 28 orthoptistes, nous générons plus de 10K€ par mois, nos chiffres sont en constante augmentation. Nous avons obtenu une enveloppe de leasing de 500K€. Nous avons été jusqu’en finale du concours I-lab, et nous repostulerons cette année. Nous avons remporté 50K€ en subvention et près de 60K€ en prix obtenus à des concours.
La réussite c’est d’avoir recruté un développeur d’OVH, Matthias qui trouve du sens à ce qu’on fait, car notre projet est avant tout sociétal : on améliore l’accès aux soins, on diminue les inégalités, on diminue l’empreinte carbone tout en faisant un travail de qualité au niveau médical.
Quelles sont les prochaines étapes ?
En France actuellement il y a à peu près 5000 orthoptistes ; ils seront 10 000 d’ici 2030. Le business model repose sur un système de rétrocession à l’acte avec deux formules : une formule basique on va leur demander 20% en échange du logiciel et de l’ophtalmo lecteurs, et une formule à 40% si on leur fournit le matériel médical. Nous avons atteint 28 orthoptistes à ce jour. Notre objectif est d’en avoir 150 fin 2023 et 45O d’ici 3 ans.
Par ailleurs nous développons en parallèle notre projet dans les EHPAD et résidence séniors. Nous avons postulé à l’appel à projets Silver Surfer, dédié aux innovations au service du bien vieillir. Nous avons été présélectionnés et avons pu présenter notre projet à des responsable d’EHPAD qui sont intéressés pour tester notre solution. Nous allons travailler avec l’équipe des opticiens mobiles et des infirmiers qui iront réaliser des examens de la vue, tension oculaire et fond d’yeux dans les EHPAD, le tout supervisé à distance par des ophtalmologistes de TEMEOO.
Nous espérons pouvoir démarrer sous peu l’expérimentation avec l’école Centrale de Lille et les centres de cardiologie de Paris et Lille pour la prévention cardiovasculaire sur la base des photos de fonds d’œil.
Le mot de la fin
J’aime bien cette phrase qui pour moi résume bien l’esprit auquel je me raccroche. En tant que start up, il ne faut rien lâcher, se débrouiller et aller de l’avant :
« Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer »