COFONDATEUR ET CEO, HEMERION THERAPEUTICS
« Voir concrètement que notre technologie peut prolonger la vie des patients, c’est une émotion et une fierté difficiles à décrire. »
Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l'entrepreneuriat après une carrière bien établie dans le milieu académique et hospitalier ?
Mon parcours hospitalo-universitaire m’a toujours permis d’allier deux facettes qui me tiennent à cœur : la recherche et les soins. Au CHU de Lille, j’ai travaillé au sein des pôles d’imagerie et de neurosciences, aux côtés de médecins et chercheurs, ce qui m’a permis d’acquérir une vision complète du lien entre science et pratique médicale. J’ai notamment dirigé le service de physique médicale, où nous avons développé une nouvelle méthode pour traiter le glioblastome, la tumeur agressive la plus fréquente dans le cerveau adulte.
L’entrepreneuriat était un saut que je n’avais pas forcément envisagé dès le départ, même si j’ai toujours eu un goût pour la création et la structuration de projets. Le déclencheur a été notre difficulté à obtenir des financements par les canaux traditionnels. Nous avons soumis des propositions à des appels à projets européens, notamment dans le cadre du programme H2020, mais nous n’avons pas réussi à concrétiser ces opportunités.
C’est à ce moment-là qu’il est devenu évident que si nous voulions avancer, concrétiser nos recherches et développer un traitement qui bénéficie aux soignants et aux patients, nous devions créer notre propre structure.
En septembre 2020, Hemerion Therapeutics a ainsi vu le jour avec pour mission d’améliorer le traitement du glioblastome en combinant biologie, physique et chirurgie.
Comment avez-vous réussi à positionner Hemerion parmi les "100 start-up où investir en 2024" dans le magazine challenge, et qu’est-ce que cela représente pour vous ?
La sélection d’Hemerion parmi les «100 start-ups où investir en 2024» dans le magazine challenge a été un moment clé pour nous. Ce n’est pas seulement une reconnaissance, c’est aussi la validation de tout le travail accompli depuis la création de la start-up. Après notre première levée de fonds en seed, nous avons postulé à cette sélection et organisé un roadshow pour préparer notre série A. Parmi les 1 200 dossiers soumis, seules 10 start-ups ont été retenues, ce qui témoigne de la solidité de notre projet.
En quatre ans, nous sommes passés d’une simple preuve de concept de laboratoire avec des données cliniques préliminaires à un produit médical sur le point d’obtenir le marquage CE. Le fait d’avoir réussi à mettre en place un essai clinique aux États-Unis a été un signal fort pour nos investisseurs et a prouvé que nous étions capables de transformer cette innovation en une solution thérapeutique concrète.
Cette réussite est le fruit d’un « alignement des planètes » : notre équipe produit une véritable alchimie entre des experts de niveau international dans des domaines très complémentaires : la physique, la neurochirurgie, la biologie et … le management de start-ups ! Nous avons réussi à obtenir très tôt des résultats concrets, qui ont gagné la confiance de nos partenaires. Nous avons réussi à donner confiance aux investisseurs ce qui permet aujourd’hui à Hemerion de se développer dans un domaine aussi complexe que celui du glioblastome, une maladie considérée comme rare.
Vous avez remporté le prestigieux prix Galien à New York en 2021 et récemment inclus votre premier patient aux États-Unis dans un essai clinique. Qu'avez-vous ressenti ?
Remporter le prix Galien en 2021 a été un moment extrêmement fort. Nous étions en compétition avec une autre entreprise française, beaucoup mieux financée que nous, et sur une thématique similaire. Honnêtement, on ne pensait pas avoir notre chance. Quand notre nom a été annoncé, ça a été une grande surprise et une immense fierté. Ce prix a donné un véritable sens à tout le travail accompli jusque-là et a confirmé que nous étions sur la bonne voie. Cela nous a motivés à poursuivre encore plus intensément.
Plus récemment, le traitement d’un premier patient aux États-Unis dans le cadre d’un essai clinique a aussi été très intense. J’étais en salle d’opération avec le Docteur Clément Dupont (Phd, cofondateur Hemerion) et le Professeur Nicolas Reyns (Neurochirurgien, co-fondateur). Lorsque la technologie Hemerion a été déclenchée et que nous avons vu la lumière baigner le bloc opératoire pour traiter le patient, nous avons vécu un moment presque irréel et une émotion incroyable !
Ces moments vous rappellent pourquoi vous faites tout cela. Voir concrètement que notre technologie peut prolonger la vie des patients, c’est une émotion et une fierté difficiles à décrire.
Vous avez mentionné la lettre de la maman d’une patiente… Comment ce témoignage influence-t-il votre engagement dans cette aventure entrepreneuriale ?
Ce qui me motive avant tout, ce sont les patients. Je garde toujours dans mon bureau cette lettre d’une mère dont la fille adulte souffrait de cette tumeur. Cette lettre est un rappel constant de pourquoi je fais tout cela.
L’entrepreneuriat est exigeant, et il implique des sacrifices… Mais en pensant à des personnes comme cette jeune femme et à leur combat, avec le soutien indéfectible de ma famille et celui de mon équipe, je continue à m’investir pleinement dans cette mission.
Notre objectif est simple : transformer une maladie mortelle en une maladie chronique. Hemerion n’est pas qu’une entreprise, c’est une solution qui pourrait réellement changer la donne et bouleverser les standards de soins actuels.
Aujourd’hui, nous sommes en pleine phase de préparation pour notre financement de série A, et bien que les discussions soient parfois longues, nous sommes convaincus que notre solution apportera une véritable innovation aux patients et au monde médical.