COFONDATEUR ET CEO, LATTICE MEDICAL

Comment votre parcours d’ingénieur vous a-t-il finalement mené à développer un dispositif médical ?

Je suis ingénieur de formation, diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles (ENSAIT) à Roubaix, une institution réputée pour son approche technique du textile. J’ai par la suite approfondi mes connaissances en matériaux en poursuivant un doctorat axé sur le développement de masques respiratoires jetables. Ce doctorat a été réalisé dans le cadre d’un programme collaboratif impliquant plusieurs acteurs majeurs de la santé dans la région, tels que le CHU de Lille, les laboratoires Anios et Macopharma.

C’est durant cette période que j’ai pu découvrir et m’immerger dans le secteur de la santé. Après mon doctorat, j’ai intégré un groupe américain, Honeywell, spécialisé également dans la production de masques respiratoires jetables. Mon retour dans la région m’a ensuite conduit à prendre la direction d’une équipe projet au sein du pôle de compétitivité UP-TEX, devenu « Euramaterials ». Pendant sept ans, j’ai géré dans ce cadre le montage de nombreux projets collaboratifs, supervisant le financement pour un montant global d’environ 120 millions d’euros.

 Ces expériences m’ont permis de rencontrer de nombreux chefs d’entreprise, suscitant ainsi mon intérêt pour l’entrepreneuriat.  Cette aspiration s’est concrétisée après ma rencontre avec deux médecins et un chirurgien du CHU de Lille — Philippe Marchetti, Pierre-Marie Danzé et Pierre Guerreschi — qui sont devenus mes associés. Ensemble, nous avons développé l’implant MATTISSE destiné à la reconstruction mammaire.

Lattice Medical a été accompagnée par le Bio-Incubateur Eurasanté. Que vous a apporté cette période d’incubation ?

Mon parcours professionnel, centré jusqu’alors sur la recherche-développement et le financement de projets, ne m’avait pas préparé à l’entrepreneuriat. Le programme d’incubation d’Eurasanté m’a ouvert les portes de compétences essentielles que je n’avais pas, comme la création d’entreprise, sa structuration et son financement.

L’incubation m’a guidé dans la préparation d’un projet solide, l’établissement d’un calendrier précis et la définition des besoins financiers, tout en tenant compte des étapes intermédiaires cruciales. Étant donné la nature de notre produit – un dispositif médical implantable de classe 3 – et les nouvelles réglementations européennes, le chemin vers le marché est long et complexe. Nous avons initié les essais cliniques sur les premières patientes en France début 2024, marquant ainsi une étape importante après des années de développement.

Le programme d’incubation m’a également aidé à structurer le pitch de l’entreprise, ce qui a été déterminant pour établir mes premiers contacts significatifs dans les domaines financier et juridique, des relations précieuses que je maintiens encore aujourd’hui.

Ce réseau ainsi constitué, a été un avantage considérable, et m’a donné accès à des ressources et des opportunités auxquelles je n’aurai pas pu accéder seul. L’ensemble de ces conseils m’a permis de participer et de remporter des concours d’innovation, tels que I-Lab en 2018, et de réussir notre première levée de fonds. Cette dernière a été une étape clé, accélérant significativement le développement de notre entreprise.

Quel événement au cours de votre aventure entrepreneuriale symbolise le mieux la réussite collective et l’impact de votre équipe ?

Un des moments les plus exaltants pour notre équipe et moi-même a été le traitement de notre première patiente avec notre dispositif. Cela a constitué un jalon crucial, symbolisant à la fois le fruit de notre persévérance et la surmontée de nombreux défis. Cette avancée a non seulement marqué le début de l’utilisation clinique de notre produit mais également prouvé que nous pouvions partir de zéro pour atteindre de telles réalisations.
Cette réussite est le résultat de la solidarité et de l’engagement sans faille de notre équipe, qui est le coeur de l’entreprise. Chaque membre a joué un rôle clé en participant à la planification rigoureuse, aux tests approfondis et à la conduite des essais nécessaires.

Je ressens une immense fierté de travailler dans le domaine complexe des dispositifs médicaux, surtout avec un produit qui requiert une intervention médicale directe dans le corps humain, posant ainsi des défis techniques et éthiques significatifs.

Je tiens aussi à souligner la singularité de LATTICE MEDICAL. Nous avons réussi à développer le projet à l’inverse des projets de recherches classiques. C’est-à-dire que nous sommes d’abord partis d’un besoin médical auquel nous avons essayé de trouver une solution qui y répondait et non du chemin classique qui démarre d’une thématique de recherche pour ensuite développer un produit. C’est cette singularité qui a apporté de la complexité aux débuts du projet car ce n’était pas un chemin conventionnel dans un contexte universitaire, mais qui nous rend particulièrement fiers des étapes parcourues aujourd’hui.

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