DIRECTEUR GÉNÉRAL, GROUPE IMT
« Nous réalisons un travail collectif pour une filière, des individus et des entreprises. C’est d’ailleurs dans cette logique que nous avons travaillé avec Eurasanté durant plusieurs années avant notre implantation pour rencontrer des entreprises
des Hauts-de-France, identifier et remporter des financements pour les investissements à réaliser et choisir bien sûr la localisation idéale pour établir notre activité : le Hub Eurasanté. »
Vous travaillez au sein de l’IMT depuis 25 ans, et en êtes le Directeur Général depuis plus de 10 ans. Pouvez-vous nous présenter cette structure qui vous anime depuis tant d’années et comment vous y avez évolué ?
Le Groupe IMT est aujourd’hui le leader français de la formation aux métiers industriels des secteurs pharmaceutique, biotechnologie et cosmétique. De statut Association Loi 1901, l’IMT a été créé à Tours en 1980 et compte aujourd’hui 8 sites en France, dont celui de Lille ouvert en 2022. Notre marque de fabrique, ce sont les plateaux pédagogiques que nous mettons à disposition des demandeurs d’emploi, apprentis, salariés en formation continue que nous accueillons chaque année. On produit « pour du faux » sur ces plateaux d’usine-école, mais on permet à plus de 5000 personnes chaque année de se former « pour de vrai », dans le but de s’insérer ou d’évoluer au sein de sites de production.
Nous sommes au service des entreprises et en lien constant avec elles pour que nos offres de formations restent toujours connectées à l’évolution des métiers. Le secteur de la production pharma-biotech est en constant changement, notamment du fait de l’émergence de la bioproduction mais aussi de l’automatisation, de la robotisation et de la digitalisation des lignes de production. Et au-delà des activités premières de formation, nous sommes également aujourd’hui devenus un centre de ressources et d’expertise avec des prestations de R&D à destination des entreprises, et même maison d’édition puisque nous publions des ouvrages à destination des industries de santé.
Pour dire deux mots sur mon parcours, après un DESS en économie et innovation industrielle et une expérience de 6 ans dans la branche professionnelle de la plasturgie, j’ai été recruté en 2000 à Lyon, ma ville d’origine, pour y ouvrir le 3ème centre de l’IMT. Je prends au sein du Groupe des responsabilités nationales qui me font déménager au siège social, à Tours, en 2006. Et quelques années plus tard, en 2013, je deviens Directeur Général du Groupe à la suite du départ en retraite de mon prédécesseur.
On observe une forte accélération du nombre d’ouvertures de centres de formation de l’IMT en France ces 4 dernières années. Quelle en est l’explication ?
En effet l’IMT existe depuis plus de 40 ans, mais nous avons doublé le nombre de centres de formation, passant de 4 à 8, sur les 4 dernières années ! Cela tient à 2 principales raisons. D’abord, la crise sanitaire a mis en lumière l’importance de réasseoir notre souveraineté nationale en pharma-biotech, et entraîné de forts investissements et campagnes de recrutements, notamment dans le cadre du Plan France 2030. Et comme notre coeur de cible est constitué de métiers de niveaux intermédiaires, tels que conducteurs de ligne, techniciens… il s’agit de profils souvent peu mobiles. Nous sommes donc venus à leur rencontre, en déployant des sites de formation au coeur des principaux bassins d’emploi.
La seconde raison tient à la législation. La loi « Choisir son avenir professionnel » d’août 2018 a représenté un « big bang » dans le monde de la formation. Elle a bousculé les systèmes de financement et a renforcé la concurrence en instaurant une dérégulation du marché, ce qui a par exemple eu pour effet de multiplier par 4 le nombre de centres de formations pour apprentis en France depuis 2021. L’IMT a accéléré son développement pour rester dans la course et être leader de son marché face à de nouveaux concurrents.
Pour envisager l’ouverture d’un centre sur un nouveau territoire, nous travaillons toujours en amont avec les acteurs locaux afin de bien établir notre positionnement et s’inscrire en complémentarité par rapport aux outils locaux existants et en réponse aux besoins du territoire en question ; c’est un trait fort de notre culture d’entreprise. J’ai toujours pensé que nous sommes plus forts à plusieurs et je le ressens au quotidien dans notre interface avec les entreprises, les collectivités locales et le public de demandeurs d’emploi et salariés à former. Nous réalisons un travail collectif pour une filière, des individus et des entreprises.
C’est d’ailleurs dans cette logique que nous avons travaillé avec Eurasanté durant plusieurs années avant notre implantation pour rencontrer des entreprises des Hauts-de- France, identifier et remporter des financements pour les investissements à réaliser et choisir bien sûr la localisation idéale pour établir notre activité : le Hub Eurasanté.
Vous êtes à la tête d’une structure multi-sites, multi-marchés, multi-règlementations,… Malgré les difficultés inhérentes à cette gestion, vous êtes en développement constant. Quels sont vos secrets ?
Il est vrai que je me dis parfois qu’il serait certainement plus simple de gérer une entreprise de 1000 salariés mais sur un seul site et centrée sur une seule activité et un marché unique !… L’IMT compte 120 collaborateurs, mais la gestion d’une telle pluridisciplinarité est un vrai défi à relever.
Je dirais que les deux points clés reposent sur le management des Hommes et le management des projets. Il est évidemment fondamental de bien s’entourer, d’être à l’écoute et de faire confiance. Mais il est tout aussi important de trouver le bon dosage entre la gestion du quotidien et celle de l’avenir. Le monde va très vite, et un retard est vite pris. Il faut en permanence se poser la question de ce que l’on doit faire aujourd’hui pour que notre structure soit toujours bien positionnée dans 3 ans. Et pour cela, il faut se ménager des temps de recul et de projection sur l’avenir.
Après 25 ans dédiés à développer le Groupe IMT, qu’est-ce qui vous anime et vous fait encore lever le matin ?
Ce qui m’anime avant tout, ce sont les projets. Mes collaborateurs disent souvent de moi que je n’ai pas terminé un projet que j’en ai déjà 3 nouveaux en tête !
Nous avons la chance de travailler dans un domaine qui a du sens, celui de la santé. Certes, nous ne sommes pas en direct avec les patients, mais nous avons la satisfaction de former les gens qui vont contribuer à la santé de la population. Ensuite, nous travaillons au service des industriels. J’ai fait tout mon parcours universitaire et mes premières expériences au service du développement des entreprises, et c’est quelque chose qui me tient à coeur.
Et puis enfin, bien sûr, nous travaillons sur l’humain. Nous avons un rôle noble d’accueillir et d’accompagner des personnes dans leur parcours professionnel, avec parfois de très belles réussites. Je me rappelle au début de ma carrière avoir rencontré un jeune qui avait parcouru la moitié de la France pour venir assister à une réunion d’information sur nos formations. Il avait un niveau BEP, et j’ai appris plus tard qu’il avait été mis à la porte par ses parents. On l’a accueilli, formé, et trouvé une entreprise où il a réalisé ses 2 années d’alternance. Cela a été compliqué, mais je me rappelle du formidable binôme que nous avons formé avec la RH de cette entreprise pour éviter plusieurs fois qu’il ne décroche. Quelques années plus tard, ce jeune a été diplôme d’un Bac +5, et il exerce désormais un poste à responsabilité dans l’industrie pharma. C’est une belle fierté que de voir de telles histoires se réaliser !
