FONDATEUR ET CEO, ENSWEET
« Chez Ensweet, nous avons une conviction forte : l’activité physique doit occuper une place centrale dans le parcours de soins. »
Comment votre expérience à l'étranger vous a-t-elle conduit à la création d'Ensweet ?
Après avoir obtenu mon diplôme d’ingénieur à l’Institut Catholique des Arts et Métiers de Lille, j’ai en effet passé plus de six années à l’étranger, entre l’Inde et l’Italie, où j’étais responsable du développement de l’activité de divers projets. C’est pendant mon expérience en Italie que mon envie de créer une entreprise est née. J’avais toujours travaillé sur des projets d’intrapreneuriat, ce qui m’a beaucoup plu, et j’ai alors ressenti le besoin de monter un projet en lien avec mes valeurs personnelles. Ce qui m’a vraiment touché, c’est l’idée de soigner les gens par le sport. Comme je n’étais pas issu du domaine médical, j’ai décidé de me former en santé connectée.
Au cours de cette formation, j’ai eu l’occasion de présenter un projet visant à soigner les personnes grâce à l’activité physique. Cela m’a permis d’échanger avec des cardiologues qui, intéressés par l’idée, m’ont partagé leur expertise et contribué aux débuts d’Ensweet. J’ai alors découvert que la réadaptation cardiaque, bien qu’établie depuis des années, se pratiquait principalement dans des centres aux capacités d’accueil limitées.
J’ai également rencontré le Docteur Alexis Astruc et le Docteur Guillaume Colin, deux médecins qui ont joué un rôle essentiel dans la conception de la solution Ensweet, en apportant leur point de vue d’experts.
Ensemble, nous avons ensuite validé la viabilité du modèle économique et suscité l’intérêt des autorités de santé. C’est ainsi qu’Ensweet a vu le jour en juillet 2020.
Parmi tous les sujets en santé, qu’est-ce qui a motivé le choix plus spécifique de la réadaptation cardiaque ?
Enfant, je souffrais d’un asthme sévère qui limitait considérablement mes activités, notamment sportives. À l’adolescence, un changement de médecin a marqué un tournant décisif : alors que l’on m’interdisait le sport auparavant, mon nouveau médecin m’a encouragé à pratiquer des activités physiques pour améliorer ma capacité cardiorespiratoire et réduire les symptômes de mon asthme. Ce changement de perspective a transformé mon rythme de vie. De ne pas pouvoir jouer un simple match de football, je suis passé à réaliser des exploits tels que l’ascension de sommets de plus de 6000 mètres.
Cette expérience m’a convaincu du pouvoir du sport et de l’activité physique pour améliorer la santé. Cette conviction m’a conduit à chercher des preuves scientifiques, et aujourd’hui, il est largement reconnu que l’activité physique constitue une thérapie complémentaire pour des pathologies telles que les maladies cardiaques et respiratoires.
Ensuite, en me questionnant sur mes passions, j’ai réalisé que mon parcours d’ingénieur, avec son approche scientifique et technique, pouvait avoir un réel impact dans le domaine de la santé. J’ai alors vu une opportunité de contribuer au changement en me concentrant sur la ré adaptation des patients, en commençant par la réadaptation cardiaque, qui est déjà reconnue. Mon objectif initial est de rendre ces soins plus accessibles grâce à la digitalisation, avant de déployer une vision plus ambitieuse à long terme.
Quelle est votre vision de la place du sport dans le parcours de soin et quels liens avec la téléréadapation ?
Chez Ensweet, nous avons une conviction forte : l’activité physique doit occuper une place centrale dans le parcours de soins. À long terme, nous souhaitons créer un véritable écosystème de santé où idéalement, dans nos propres centres ou ceux de nos partenaires, l’activité physique sera systématiquement prescrite et prise en charge pour les patients atteints de maladies pour lesquelles les bienfaits de l’exercice sont prouvés, comme la rémission du cancer ou le traitement des maladies chroniques.
Nous envisageons même d’aller plus loin en développant une complémentaire santé qui intégrera la prise en charge liée à l’activité physique, permettant ainsi aux patients de s’identifier à cette approche.
Nous sommes conscients que cela nécessite un changement progressif des usages, mais nous croyons fermement que notre système de santé doit évoluer.
Dans l’équipe, nous nous appuyons également sur les médecins pionniers qui reconnaissent depuis longtemps les bénéfices de l’activité physique dans le traitement des maladies chroniques. Nous souhaitons les accompagner en mettant à profit notre agilité et notre capacité d’innovation en tant que start-up, afin de les aider à déployer des solutions de téléréadaptation qui auront un impact plus large sur leurs patients. Et je suis ravi de constater que cette approche évolue positivement. Par exemple, le diplôme universitaire en réadaptation cardiaque qui existe aujourd’hui va inclure dès l’an prochain, un module dédié à la téléréadaptation. C’est la preuve que le secteur progresse constamment !
Comment avez-vous réussi à vous faire une place dans le monde de l'entrepreneuriat en santé numérique ?
Tout d’abord, le Nord est une région propice à l’entrepreneuriat, avec un réseau professionnel dense et une excellente qualité de vie. Ensweet a également bénéficié du soutien du Bio-Incubateur Eurasanté, et je tiens à remercier leurs équipes pour m’avoir ouvert les portes de l’écosystème régional en santé, ce qui a été particulièrement précieux pour moi, n’étant pas issu de ce secteur.
L’incubateur a également joué un rôle clé dans nos premières levées de fonds, nous permettant de développer l’équipe, de renforcer nos preuves cliniques et de généraliser le remboursement de notre solution à l’échelle nationale. Les retours positifs que nous recevons des patients témoignent de l’impact d’Ensweet dans ce domaine, et c’est ce qui me motive à poursuivre ce projet porteur de sens.