CARDIOLOGUE ET COFONDATEUR, NEWCARD

Comment, d’une simple discussion sur les objets connectés,
êtes-vous arrivé à la création de Newcard ?

L’idée de Newcard est née assez naturellement, à partir de ma pratique en cardiologie. Depuis toujours, j’ai su que je voulais me spécialiser dans ce domaine. Après mes études à Lille, j’ai donc suivi cette voie sans hésitation. Le métier de cardiologue qui m’a toujours passionné, non seulement pour l’aspect médical, mais aussi pour la manière de réfléchir et d’aborder les problématiques cardiaques.

C’est au début de l’année 2014, lors d’une réunion avec des confrères cardiologues, qu’une simple discussion sur les objets connectés a fait germer l’idée de Newcard. Nous avons remarqué que de plus en plus de patients venaient nous consulter avec ces dispositifs, sans vraiment savoir comment les utiliser pour leur suivi cardiaque.
Cela nous a donné l’idée de réfléchir à un outil qui pourrait à la fois servir aux patients et faciliter notre travail en tant que médecins. Convaincu du potentiel de cette idée, je l’ai ainsi soumise au Bio Incubateur Eurasanté pour évaluer son potentiel. Cela a été un tournant décisif, puisque nous avons intégré le programme d’incubation et pu structurer le projet. 

En 2016, nous avons officiellement créé la société Newcard avec Jean Guillemain d’Echon, cofondateur et CEO, qui venait de rejoindre le projet. Nous avons eu la chance de rapidement trouver un modèle économique viable, notamment grâce à des financements du Ministère.
Dès 2017, nous avons commencé à suivre nos premiers patients, même si à cette époque, ils devaient financer le dispositif eux-mêmes.

L’année 2018 a marqué une étape cruciale avec notre participation au programme ETAPES (Expérimentations de télémédecine pour l’amélioration des parcours en santé), qui a permis l’intégration de la télésurveillancemédicale dans le cadre du remboursement. Cela a véritablement solidifié notre modèle économique car à partir de ce moment les patients étaient financés pour l’utilisation de notre solution.

L’entrepreneuriat n’était pas votre objectif initial. Qu'est-ce qui vous a convaincu de vous lancer dans l'aventure entrepreneuriale ?

C’est vrai que l’entrepreneuriat n’était pas du tout dans mes projets au départ ! Je le percevais comme une aventure à la fois trop risquée et très exigeante en termes de temps, et ce n’était pas un chemin que je me voyais emprunter. Cependant, au cours de mes huit années de collaboration avec des anesthésistes-réanimateurs en Europe, une question revenait constamment : « Pourquoi l’industrie ne propose-t-elle pas de solution pour mesurer l’analgésie ? ». Cette question revenait si souvent que cela a fini par me faire réfléchir.

Lorsque j’ai eu l’opportunité de rencontrer le Pr Régis Logier, qui avait déjà développé une technologie brevetée répondant précisément à cette problématique, cela a rapidement éveillé mon intérêt. Après avoir présenté cette solution à plusieurs leaders d’opinion européens, et constaté leur intérêt marqué pour cette innovation, j’ai décidé de me lancer dans l’entrepreneuriat.

Ce qui m’a poussé à franchir le pas, c’était surtout l’espoir que cette technologie puisse vraiment combler un besoin sur le marché. Au fond, j’avais envie de me lancer dans un projet qui ait du sens, et c’est ce qui m’a motivé à créer une start-up.

Qu’est-ce qui vous anime à mener le projet Newcard, depuis 10 ans maintenant ?

Tout d’abord, je me sens profondément responsable des 45 personnes qui composent notre équipe. C’est une équipe engagée, avec une dynamique formidable, et c’est une grande source de motivation pour moi de voir cette cohésion. Ensemble, nous avons réussi à grandir sans sacrifier la qualité de notre travail ni l’excellente ambiance au sein de l’équipe.

Notre expérience nous a permis de participer à des études qui montrent que notre solution réduit la mortalité des patients, validant ainsi notre approche et renforçant encore notre mission.

Enfin, ce qui m’anime, c’est l’aventure globale quereprésente Newcard. J’ai commencé ce projet seul, et au fil des années, il a grandi, traversant des périodes de succès comme des moments plus difficiles. Mais à chaque étape, j’ai ressenti une grande fierté pour le chemin parcouru. Bien que je ne sois pas devenu un financier ou un chef d’entreprise au sens strict, cette expérience a transformé ma vision et m’a permis d’acquérir des compétences en entrepreneuriat, ce qui me permet d’avoir cette double casquette de cardiologue et entrepreneur.

Comment trouvez-vous le bon équilibre entre votre rôle de médecin et celui d’entrepreneur ?

Trouver cet équilibre peut sembler difficile, mais je suis convaincu qu’il est tout à fait possible d’exceller dans les deux domaines. Cela fait maintenant 10 ans que je concilie ces deux rôles, et je pense que cela demande une certaine discipline et des principes clairs pour bien les distinguer. Il m’est arrivé de devoir choisir entre me consacrer exclusivement à mon métier de médecin ou embrasser pleinement le monde de l’entrepreneuriat.

Finalement, j’ai trouvé ma voie en combinant les deux : lorsque je pratique la médecine, je m’engage personnellement, et lorsque je travaille sur des projets industriels, je m’implique pour le développement de l’entreprise.

Cette double compétence est une vraie richesse selon moi. Mais pour la développer, il est essentiel de ne pas rester seul. C’est grâce à un ensemble que j’ai réussi à garder le bon équilibre au fil des années.

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