COFONDATEUR ET DIRECTEUR GÉNÉRAL, HOSPIMEDIA GROUPE
« A Lille, j’ai été frappé par l’écosystème exceptionnel et par l’engagement de dirigeants de structures de tous types
qui aident les autres, que ce soit par de l’investissement ou du mentorat. Notre réseau régional, c’est avant tout une aventure humaine, et une très belle réussite collective !. »
Pouvez-vous décrire vos premiers pas d’entrepreneur,
en créant Hospimedia ?
Je travaillais à l’époque au GIP Santexcel dirigé par Olivier Baron, basé sur le Parc Eurasanté. Nous y dispensions de la formation et du conseil aux hôpitaux, ce qui m’offrait un accès privilégié à la réflexion des directeurs d’établissements de soin. La première idée est ainsi née de mettre en place un centre de veille mutualisé pour les établissements, avec de l’envoi d’informations par e-mail.
Mais nous sommes alors à la fin des années 1990, où le web est en pleine expansion, y compris au sein des établissements de santé. L’idée mûrit alors de créer un média digital avec une
équipe de rédaction synthétisant l’info. Une petite révolution à une époque où le monde des média était dominé par le print !
Je rencontre Jean-François Mouney, alors Directeur Général d’Eurasanté, qui me parle du programme d’incubation tout juste créé. Nous le rejoignons, faisons ainsi partie de la 2ème promo d’incubés. Notre acceptation n’a d’ailleurs pas été simple à l’époque, car nous étions le premier projet incubé sans être issu d’un laboratoire académique ou d’un projet de recherche. Et c’est ainsi qu’est né Hospimedia, à une date que nul ne peut oublier : un certain 11 septembre 2001…
La création de l’entreprise s’est d’ailleurs faite à plusieurs ; comment cela s’est passé ? Et quelles ont été les premières étapes de développement ?
Nous avons été initialement en effet 5 co fondateurs, mais 2 sont partis très vite. Je suis donc resté avec Julien Sibierski, qui avait un profil financier évidemment clé pour tout lancement de structure, et Ronan Denoual, avec un profil technique pour le développement du site web.
On ne se connaissait pas, on n’était pas potes dans la vie, et c’est pour moi ce qui a fait que cela a fonctionné ! On était très complémentaires, avec chacun son champ de mission. On a pris nos premiers bureaux sur le Parc, et on a travaillé dur jusqu’à pouvoir présenter notre première version de plateforme digitale lors du salon Hôpital Expo en 2002.
Les premières années ont été centrées sur la recherche de financement. Peu de gens croyaient au départ à notre business model d’un genre nouveau, reposant sur le fait de faire payer des abonnements à nos clients. On a su compter sur l’investissement à l’époque de l’ANVAR, LMI (devenu Hodéfi aujourd’hui) et Finorpa. En complément, nous avons aussi eu la chance d’être soutenus par le GIP Santexcel, qui s’était associé au projet. C’était complètement inhabituel pour un GIP d’investir dans une start-up privée, et cela nous a beaucoup aidé à asseoir la légitimité de notre solution auprès des établissements de soin. Notre premier client a été, je m’en souviens, le CH d’Arras. Beaucoup de chemin a été parcouru et aujourd’hui Hospimedia est une société pérenne qui emploie plus d’une centaine de salariés et réalise un chiffre d’affaires annuel de 11M€.
Hospimedia a été racheté en 2016 par le Groupe MNH ; comment avez-vous vécu ce virage ? Quel est votre quotidien aujourd’hui ?
En effet, on a eu une belle proposition de rachat par le groupe mutualiste de la MNH, que l’on a saisie. Julien et Ronan en ont alors profité pour se tourner vers d’autres challenges. De mon côté je suis resté directeur d’Hospimedia intégré au sein du groupe. Je ne pensais pas rester longtemps au début, et finalement j’y suis toujours !
Le fait d’être intégré dans un groupe présente évidemment avantages et inconvénients, mais nous gardons au quotidien notre autonomie, et c’est très appréciable. Il m’a en outre été confié en 2019 la casquette de Directeur du Groupe Profession Santé (GPS), doté de 140 salariés et racheté cette année-là par le groupe MNH. Je dirige aujourd’hui ces 2 médias, qui sont très différents dans leurs outils, leurs cibles, leur modèle économique…et c’est une vraie richesse. GPS est situé à Malakoff, en Ile-de-France, aussi j’ai un pied dans les 2 régions. Et cela ne fonctionne que grâce à l’engagement et à la qualité des équipes de direction sur lesquelles je m’appuie.
Vous vous êtes toujours engagé dans l’écosystème régional, et vous l’êtes encore aujourd’hui malgré un emploi du temps chargé entre Lille et Paris. Qu’est-ce qui vous anime au quotidien ?
J’ai longtemps été implanté sur le Parc Eurasanté et investi en tant qu’administrateur au sein du Club des Développeurs puis de Clubster Santé. Je suis convaincu que seuls, nous n’aurions pas réussi – alors même que fondamentalement l’intuition de départ et les fondamentaux étaient bons. Cela fait relativiser la notion de réussite ou d’échec : on aurait pu déposer le bilan maintes fois, alors même que le business model était bon mais qu’il ne manquait qu’un peu de cash à un moment donné.
Et c’est dans ces moments-là que nous avons eu des mains tendues : un conseiller bancaire qui a accepté de nous écouter alors que tous les autres ne voulaient même pas ouvrir notre dossier, un chargé d’affaires de Finorpa qui nous a mis en relation avec la Caisse Solidaire pour qu’elle nous octroie un prêt… Pour l’anecdote, pour les 10 ans d’Hospimedia, puis pour les 20 ans, nous avons réunis tous ceux qui ont fait la réussite de la société : il y avait bien sûr les anciens et actuels salariés, mais aussi toutes ces personnes qui ont marqué notre histoire !
Aujourd’hui, ce qui m’anime, c’est de rendre cette aide que l’on m’a donné. J’ai un vrai plaisir à m’engager aux côtés de jeunes entrepreneurs, à partager des idées parfois toutes bêtes tirées de l’expérience. J’ai même été Président d’un Comité d’engagement de Réseau Entreprendre Nord – sans rancune, car le réseau avait rejeté mon projet il y a 20 ans !… Blague à part, je trouve tellement satisfaisant de partir d’un besoin, d’une feuille blanche, d’une idée et de faire naitre un projet autour de cela. Nous associés fondateurs d’Hospimedia, nous n’étions pas des génies, on a juste eu de bonnes intuitions de départ, mis beaucoup d’énergie et de travail, et eu des coups de pouce à des moments décisifs.
A Lille, j’ai été frappé par l’écosystème exceptionnel et par l’engagement de dirigeants de structures de tous types qui aident les autres, que ce soit par de l’investissement ou du mentorat. Notre réseau régional, c’est avant tout une aventure humaine, et une très belle réussite collective !
