PRÉSIDENT ET COFONDATEUR, UNAIDE
« On a la chance de travailler dans une société tech qui fait du social. On voit tellement de belles histoires au quotidien, et on aide très concrètement des gens qui sont dans le besoin urgent de solutions. Cela donne du sens à ce que l’on fait. »
Vous avez opéré un virage dans votre parcours, basculant du monde de la grande distribution à celui des start-ups de la tech, pour quelle raison ?
J’ai un vrai parcours d’autodidacte. Je suis originaire du Calaisis, où j’ai démarré ma carrière en tant que vendeur de chaussures et de prêt-à porter. J’ai ensuite réalisé des formations pour devenir directeur de magasin, et petit à petit j’ai gravi les échelons jusqu’à être à la tête d’un centre de profit de plus de 1000 personnes.
J’avais donc une vie professionnelle intense avec des postes à responsabilité, mais dans ma vie personnelle, le sort s’acharnait. J’ai eu quelques années difficiles où mon père, mon frère et ma grand-mère ont eu des problèmes de santé et de perte d’autonomie. Je suis devenu aidant familial.
On me disait alors que tout existait sur mon territoire pour m’apporter des solutions, mais je constatais par moi-même des trous dans la raquette.
C’est à ce moment-là que j’ai souhaité créer Unaide avec mon associé Jérémy TOSOLINI. Notre souhait était d’inventer une solution qui permette de créer un lien social fort et d’offrir une sécurité à prix abordable pour les personnes fragiles maintenues à domicile.
Pour réaliser cela, on misait sur le digital en c concevant un système non invasif et non stigmatisant permettant de prendre le relai des aidants familiaux. Aujourd’hui notre solution a évolué, on a abandonné le hardware, réduisant ainsi fortement nos coûts, et notre objectif est désormais de devenir le « Doctolib de l’aide à domicile » permettant de connecter directement les familles avec les auxiliaires de vie !
Unaide révolutionne en effet le secteur de l’aide à domicile, et mise sur l’empowerment des auxiliaires de vie. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Alors même que le papy-boom arrive, le secteur de l’aide à domicile est marqué par un fort turnover et des problèmes de recrutement importants. Les études prévoient un déficit de 600 000 auxiliaires de vie en France d’ici 2030 – c’est demain !
Notre solution connecte directement les familles avec des auxiliaires de vie de proximité grâce à une application. Grâce à ce système on arrive, même en ruralité, à faire entrer en contact une personne jusque-là sans solution avec une aide à domicile habitant à quelques kilomètres de chez elle. On créé ainsi de petites équipes d’auxiliaires de vie au local, au plus près de ceux qui en ont besoin.
Se lancer dans cette idée était un défi. J’entendais beaucoup : « les aides à domicile n’iront jamais sur une application », « elle ne savent pas écrire »,… et j’en passe ! Cela m’agaçait au plus haut point. Comment les choses peuvent-elles changer si les décideurs pensent cela ? Moi au contraire, je me suis toujours appliqué un slogan qui dit : « Le pouvoir à celui/celle qui fait ».
Aujourd’hui, Unaide compte 4800 auxiliaires de vie – et qui échangent chaque semaine plus de 8000 messages sur notre application. Chaque mois, une centaine de nouvelles auxiliaires en quête de liberté nous rejoignent. Bien sûr, cela ne correspond pas aux aspirations de tous.tes, certain.e.s préfèrant la sécurité du cadre plus traditionnel des entreprises du secteur. Mais il y a de la place pour tous les modèles d’organisation ! Et pour former ces auxiliaires et les faire évoluer dans leur carrière, nous avons créé un organisme de formation dédié, afin de les accompagner vers des postes de care managers et de coachs d’équipe autonome.
Quelles sont vos motivations au quotidien pour poursuivre et étendre le développement d’Unaide ?
Notre ambition est claire : nous voulons devenir un champion de demain du secteur. Notre développement s’est fortement accéléré à partir de la crise sanitaire qui a mis en évidence le rôle fondamental de ces métiers de première ligne et l’intérêt de solutions digitales.
Aujourd’hui, nous couvrons l’intégralité du territoire français, et tout cela depuis notre siège de Calais et des relais dans les différentes régions.
On a la chance de travailler dans une société tech qui fait du social. On voit tellement de belles histoires au quotidien, et on aide très concrètement des gens qui sont dans le besoin urgent de solutions. Cela donne du sens à ce que l’on fait, et c’est d’ailleurs ce qui nous permet de recruter dans l’entreprise de très bons profils qui cherchent à mettre leurs compétences au profit de quelque chose qui leur parle. Nous sommes convaincus que notre modèle peut changer la donne et c’est ce qui anime toute notre équipe.
Avez-vous quelques secrets à partager avec des entrepreneurs en devenir qui hésiteraient à se lancer dans l’aventure ?
Je dirais tout d’abord qu’il faut bien réfléchir à son business model. C’est la clé. Trop souvent on pense prouesse technologique, mais le vrai risque, c’est le marché. Je conseillerais ainsi de passer rapidement d’une idée à une preuve de concept pour tester les choses avant d’aller plus loin. C’est d’ailleurs pour cela qu’après avoir développée la faisabilité technique de notre solution avec le soutien de l’Ecole des Mines, nous avons rapidement rejoint le Bio-Incubateur Eurasanté, Eurasenior n’existant pas encore à l’époque. Cet accompagnement a été très important pour nous permettre d’appréhender le domaine du médico-social car nous ne savions pas comment aborder ce marché.
Je dirais ensuite qu’il faut se fixer des objectifs clairs. Viser la création d’une petite entreprise locale, ce n’est pas la même chose que de vouloir créer un champion qui révolutionne un secteur. Il faut bien savoir ce que l’on veut, pour toujours prévoir le coup d’après. Pour ce qui est des finances, nous avons la chance en région d’avoir un écosystème puissant, notamment en amorçage, mais il faut bien préparer l’avenir dès les débuts.
Je dirais enfin qu’il faut bien jauger les sacrifices professionnels et personnels à faire pour réussir une telle aventure. Et avoir le soutien de sa famille. Ce sont mes proches qui ont été à l’origine de l’idée de la création d’Unaide, et sans eux à mes côtés durant mon aventure entrepreneuriale, je n’aurais pas réussi.