Rencontre avec Thierry CUSSAC, CEO de Braindex

Comment le projet de Braindex a-t-il vu le jour ?

Subir une chirurgie sous anesthésie générale après 65 ans, sur un plan neurologique, c’est une embûche. Les personnes âgées ont en effet une réserve cognitive réduite et sont davantage sensibles aux perturbations physiologiques induites par la chirurgie. Alors que l’on opère des patients de plus en plus âgés, le challenge de l’anesthésiste n’est désormais plus d’endormir et de réveiller son patient, c’est de le rendre dans le même état cognitif après l’intervention qu’avant. Dans ce but, il est essentiel de pouvoir objectiver l’effet des produits anesthésiant sur le cerveau des patients au cours des chirurgies, et d’en délivrer la juste dose à chacun d’entre eux. Partant du principe que l’on ne peut améliorer que ce que l’on mesure, le monitoring cérébral au cours des chirurgies est à ce titre primordial. Il permet d’individualiser la prise en charge anesthésique des patients fragiles et de prévenir le risque de complications neurologiques postopératoires.

J’ai passé l’essentiel de ma carrière dans l’industrie de la santé à diverses positions de direction des ventes au sein de divisions de monitorage, et plus particulièrement dans le monitorage cérébral.

Avec mes équipes j’ai notamment lancé commercialement les premiers dispositifs destinés à la surveillance du cerveau des patients au cours des interventions chirurgicales. Avec le temps, l’évolution de la science a mis en évidence les limites de ces dispositifs. J’ai mis beaucoup de sens dans cette nécessaire amélioration de la trajectoire neurologique des patients fragiles, et j’ai fini par concevoir mon engagement professionnel dans le dépassement des limites des dispositifs actuels. Avec une équipe pluridisciplinaire j’ai ainsi conçu une solution et créé Braindex en 2016, initialement  à Marseille, et désormais dans les Hauts-de-France au sein du Parc Eurasanté.

Pouvez-vous nous décrire la solution proposée par Braindex ?

Les anesthésistes ont à leur disposition deux types de technologie pour surveiller le cerveau du patient au cours d’une intervention chirurgicale. La première est l’électroencéphalographie, qui traduit l’activité électrique du cerveau, et permet notamment d’éviter les surdosages de sédatifs. La deuxième technologie, la spectroscopie tissulaire dans le proche infrarouge (NIRS), consiste quant à elle à mesurer l’oxygénation du cerveau. Celle-ci traduit la balance entre l’apport et la consommation d’oxygène au niveau du cerveau. Est-il suffisamment oxygéné ou non ? Trente ans après leur avènement, ces deux technologies sont considérées comme intéressantes mais insuffisantes à pouvoir refléter chacune seule, le statut fonctionnel du cerveau. En revanche, il est largement accepté par la communauté médicale que leur combinaison recèle un pouvoir synergique à mieux le faire.

Nous développons donc une plateforme de surveillance cérébrale combinant l’électroencéphalographie et la NIRS, et s’appuyant sur l’intelligence artificielle.

Quelles valeurs défendez-vous au quotidien ?

Ce qui est très important, selon moi, c’est de permettre aux collaborateurs d’atteindre leurs propres objectifs. C’est par le développement individuel des collaborateurs qu’une entreprise crée les conditions de l’atteinte des siens propres, collectivement. On avance ensemble et non seul. C’est ma conviction. Nous faisons donc en sorte d’aider les collaborateurs à se développer, par des plans de développement individuels, de façon à ce qu’ils soient hyper employables, et nous faisons en sorte qu’ils n’aient néanmoins pas envie de partir.

L’inclusion et la diversité sont très importantes chez nous, et conçues comme des atouts. Sur une équipe de 11 personnes, il y a 5 nationalités différentes venant de 3 continents différents. La parité Homme/Femme est également au cœur de nos valeurs. Elle est parfaite au sein de l’équipe actuelle.

La bienveillance est centrale elle aussi. Les valeurs de Braindex sont promues dès les entretiens de recrutement, de façon à éclairer l’engagement des candidats. Nous nous nous efforçons de transmettre à nos collaborateurs l’idée que chacun, par son action au sein du projet, œuvre à l’amélioration de la trajectoire de vie de personnes vulnérables.

Pourquoi avoir choisi le Parc Eurasanté ?

J’ai d’abord été intéressé par l’expérience critique de l’équipe INSERM CIC IT du CHU de Lille, en matière de développement de moniteur d’anesthésie. J’ai ainsi rencontré son coordonnateur, le Professeur Régis Logier, qui s’est montré à l’écoute du projet Braindex, à l’époque encore très en amont de son processus de maturation. L’enthousiasme et le support de l’équipe du CIC IT ont été rapides et marqués. Cet engouement s’est matérialisé par la mise en place d’une collaboration scientifique.

J’ai ensuite découvert un écosystème régional fantastique, au sein duquel Eurasanté a joué un rôle de premier plan. L’action de l’équipe d’incubation a été tout simplement déterminante, et nous ne serions probablement pas où nous sommes sans leur concours ainsi que d’une façon plus large, celui de l’écosystème des Hauts-de-France, au premier rang duquel se trouvent pour Braindex, Bpifrance, la région et le réseau Entreprendre Nord.

Très vite il m’est apparu que le Parc Eurasanté offrait les conditions nécessaires au bon développement de Braindex. C’est un carrefour de la recherche médicale, des ambitions et des audaces, des caractéristiques conçues comme un atout pour l’atteinte de nos objectifs.

Quel est l’enjeu principal de votre emménagement dans le bâtiment XY ?

Ce qui compte beaucoup pour moi, c’est que ces nouveaux locaux vont procurer des conditions de travail de qualité à l’équipe Braindex, et contribuer au développement personnel et professionnel des collaborateurs. Durant la crise sanitaire l’équipe a été très résiliente, elle est restée très focalisée sur l’exécution de la roadmap. C’était un engagement de ma part auprès de l’équipe, de créer des conditions de travail optimales lorsque nous le pourrions, afin qu’elle fasse l’expérience de la meilleure des collaborations.

Également, ces locaux sont un outil visant à favorablement exposer nos travaux, notre activité vis-à-vis des tiers, à développer notre attractivité au sens large, comme auprès de nouveaux talents.

Comment imaginez-vous votre implication sur le Parc Eurasanté ?

J’ai avec constance répondu favorablement aux sollicitations diverses de l’écosystème du Parc Eurasanté. Nous souhaitons plus que jamais contribuer au rayonnement du Parc, et restituer un peu de ce que nous avons reçu et recevons encore.

Je voudrais recevoir des invitations à des événements sur les thèmes suivants :