ZOOM SUR LE RACHAT D’E-ZYVEC PAR POLYPLUS

Polyplus, fournisseur de premier plan de réactifs de transfection dans le monde entier, a acquis e-Zyvec, start-up de biotechnologies spécialisée dans le génie génétique, issue de l’Université de Lille et du CNRS, incubée au Bio-Incubateur et Bio-Accélérateur et implantée sur le parc Eurasanté, pour étendre son expertise en ingénierie des vecteurs d’ADN plasmidique.

Entretien croisé avec :

• Mario Philips, PDG de Polyplus
• Sylvain Julien, Président et cofondateur d’e-Zyvec

Parlez-nous de la genèse d’e-Zyvec, de son activité …

Sylvain Julien est un scientifique universitaire devenu entrepreneur dans le domaine des biotechnologies. Il nous explique son parcours :

« En 2013, j’ai suivi un premier atelier sur l’entrepreneuriat organisé par Eurasanté, et j’ai participé à plusieurs événements. En tant que chercheur, cela m’a ouvert la voie à la création d’entreprise. Quand j’ai détecté la technologie unique sur laquelle e-Zyvec est fondé, j’ai su à qui m’adresser pour être accompagné.

En 2016, nous avons co-fondé la start-up de biotechnologies e-Zyvec avec Geoffroy de Bettignies et Carine Morel. Elle a été incubée au Bio-Incubateur Eurasanté, et suite à une levée de fonds d’amorçage, réalisée en 2018 (Autonomie et Solidarité, Nord France Amorçage et investisseurs privés), nous nous sommes installés sur le Parc Eurasanté dans un laboratoire entièrement rénové. »

E-Zyvec fournit aujourd’hui un service innovant en ingénierie génétique aux laboratoires académiques et industriels. Ces services sont accessibles à l’échelle mondiale par le portail dédié D-Zyvec.

QuelleS sont les solutions d’e-Zyvec, en quoi sont-elles innovantes ? 

« Nous fournissons des services intégrés en biologie moléculaire aux biologistes des laboratoires académiques ou industriels.  Les plasmides sont très communément utilisés en R&D ou en Bioproduction pour de nombreuses applications dont la recherche fondamentale, la production de principes actifs biologiques à usage thérapeutique, ou encore de biopolymères à usage industriel. Notre valeur ajoutée est dans la conception de plasmides innovants, une technologie qu’e-Zyvec est aujourd’hui seule sur le marché à pouvoir délivrer en un temps record. » explique Sylvain Julien.

Polyplus* a racheté e-Zyvec, comment cela s’est-il déroulé ?

L’histoire de Polyplus et e-Zyvec s’est construite pas à pas.

« Mon 1^er contact avec Polyplus c’était durant BioFIT à Strasbourg en 2016. E-Zyvec n’était pas encore créé !  Cela illustre l’importance de s’ouvrir et de participer à de tels événements. » se rappelle Sylvain Julien.

Mario Philips, CEO de Polyplus depuis 2020, revient sur les étapes du rapprochement des deux entreprises : « Polyplus existe depuis plus de 20 ans. Nous avons eu une croissance extrêmement importante ces 5 dernières années grâce au développement des thérapies géniques. Polyplus, c’est 115 personnes, dont 40 personnes nouvellement embauchées cette année avec une moyenne d’âge de 33 ans !  

Pour notre développement, les synergies étaient évidentes : e-Zyvec est le centre d’expertise en plasmides qui se combine parfaitement avec notre savoir-faire dans les réactifs de transfection. Dès 2020, Polyplus a ainsi pris une participation, avec un accord de codéveloppement. Les deux équipes ont très vite vu l’intérêt de travailler ensemble. Au bout de seulement 6 mois les discussions d’un rachat ont démarré. »

Quel est l’impact de ce rachat ?

L’objectif est de proposer des activités complémentaires pour être un partenaire plus efficace et plus complet pour nos clients expliquent les deux dirigeants.

« C’est un mariage d’amour ! Polyplus est une Biotech qui nous inspire depuis le début de notre aventure et avec laquelle nous avons des valeurs communes. Nous avons beaucoup à gagner à rejoindre un leader du marché établi comme Polyplus, où nous aurons les ressources et la capacité de continuer à développer et à faire croître la plateforme e-Zyvec. Cela va nous ouvrir de nouveaux marchés comme l’Asie par exemple où Polyplus a déjà des bureaux », déclare Sylvain Julien.

L’enjeu est aussi pour les patients rajoute Mario Philips. « Il existe deux thérapies au monde en thérapie génique. Si chaque thérapie coûte 2 millions d’euros, ce n’est pas viable. Il faut réduire les coûts, en augmentant les rendements. C’est ce que nous allons pouvoir apporter.

Travailler ensemble va aussi nous permettre de proposer encore plus de solutions qualitatives pour le développement et/ou l’accélération de nombreux projets ».

E-Zyvec va rester sur le parc Eurasanté, quelles sont vos motivations ?

L’objectif est de mutualiser la richesse des écosystèmes, côté Alsace pour Polyplus (dont le site de production est à Strasbourg) et Hauts-de-France pour e-Zyvec.

« J’ai travaillé pour des multinationales, créé plusieurs entreprises, avec des responsabilités à l’échelle mondiale. Aujourd’hui je suis heureux de retrouver l’agilité de structures à taille humaine. L’enjeu est de rester innovant, c’est ce qui fera la différence avec nos concurrents. On ne change pas ce qui fonctionne, nous capitalisons au contraire sur nos forces respectives » indique Mario Philips.

« Nous sommes dans une logique de croissance et nous sommes très contents de pouvoir le faire à Loos : de par notre histoire, mais aussi parce que nous y trouvons tous les ingrédients utiles à notre développement. Nous utilisons tous les outils mis à disposition : plateforme emploi, un écosystème riche et dynamique… Carine Morel, directrice générale et cofondatrice d’e-Zyvec, fait depuis peu partie du comité des représentants du parc, amenant également notre pierre à l’édifice » conclut Sylvain Julien.